lundi 12 juin 2017

L'origine du roman et la traduction romanesque

A l’origine le roman était considéré comme un genre marginal de la littérature. En effet, le terme roman dérive du mot « romanz » qui était la langue populaire opposé aux langues antiques. Cependant, ce genre littéraire s’impose aujourd’hui comme le plus populaire et le plus traduit. Cela est en partie dû à sa grande diversité, mais aussi aux personnages fictifs qui ont marqués l’Histoire tel que Sherlock Holmes ou encore Jean Valjean. De plus, « Le nom commun est capital », Flaubert insiste ici sur l’importance du personnage dans le récit, qui devient l’acteur de l’intrigue.  Le caractère du personnage peut-être inspiré par le réel, cependant, il est souvent considéré comme fictifs et extraordinaire, dépassant les limites du réel vers l’imaginaire.
Dès lors nous pouvons nous demander si les personnages romanesques doivent-ils être des acteurs imaginaires le plus éloigné du réel ?
Dans un premier temps, nous étudierons les personnages extraordinaires et leurs particularités. Et dans un second temps, nous mettrons en avant l’aspect réaliste de leur caractère qui permet l’identification du lecteur au travers le travail du traducteur littéraire.
Tout d’abord, le romancier met en scène des personnages imaginaires aux caractéristiques stéréotypées.
En effet, les romanciers se sont inspirés du réel pour créer des caractères romanesques. Cependant, ces personnages sont imaginaires et extraordinaires découlant de l’esprit du romancier. Ce sont des « êtres de papier ». Au Moyen-âge on met en scène des personnages héroïques qui incarnent des valeurs chevaleresques comme la bravoure et le courage. Il s’agit alors d’exemples de comportements comme dans La chanson de Roland (traduit en français moderne par Joseph Bédier en 1921), le personnage éponyme est porteur de vertu et acteur de l’épique. Tout comme plus tard, Gil Blas, personnage du roman picaresque de Lesage qui devient un héros parvenu vaguant de métier en métier avec courage et soif de découverte. C’est personnages ont alors une portée didactique, tout comme Candide de Voltaire qui incarne l’optimisme et n’a donc pas la complexité d’un être humain. Il s’agit d’un exemple qui permet d’illustrer les arguments du philosophe. Il dit alors que les meilleurs romans « sont ceux qui font faire la moitié du chemin au lecteur ». Ces personnages sont alors imaginaires mais représente des valeurs dans un but didactique.
Cependant, les personnages peuvent être totalement issus de l’imaginaire de l’auteur et perdre tout caractère humain, car le réalisme « est le plus éloigné de la vérité, […] il nous appauvrit ». Ainsi, Proust souligne l’importance de l’évasion dans le roman qui passe également par les personnages.  En effet, de nombreux romans à succès de nos jours mettent en scènes des personnages de sciences fictions tel que la trilogie du Seigneur des anneaux, et l’invention d’être fantastiques comme le Hobbit ou encore Harry Potter (qui a été transposé dans notre langue par le traducteur français Jean-François Ménard). Mais la science sert souvent de point de départ à ces récits comme les Morlocks, êtres vivants sous terre inventés par H. G. Wells pour le roman La Machine à explorer le temps (roman traduit par Henry-David Davray (1873-1944). D’autre part, des caractères humains sombres sont également l’origine de ces romans fictifs comme dans La métamorphose de Kafka, ou encore dans Le Horla de Maupassant qui expérimentait lui-même la démence due à une maladie. Ainsi, les personnages peuvent être issus de l’imaginaire et de l’esprit du romancier et du traducteur de romans
De plus, au XX° siècle, les auteurs, choqués par les Guerres Mondiales et inspirés par l’existentialisme, mettent en scène des personnages marginaux, dénués d’intérêt pour la vie que l’on appelle anti-héros. Ces derniers vivent dans un monde qui ne leur convient pas mais ils ne semblent pas se plaindre. Ils sont l’application du dégout du monde et ainsi imaginaires par leur manque de réactivité tout comme le personnage de L’étranger de Camus à qui même son mariage semble sans importance. Ces personnages peuvent également évolués dans des mondes invraisemblables comme dans la dystopie de Huxley où les personnages se complaisent dans leur monde injuste et absurde. Cependant, ce roman semble être prémonitoire car il dévoile « les consciences isolées contre tout le monde ont représenté la conscience universelle » que Ionesco décrit en parlant du totalitarisme et du conformisme. Ainsi, l’anti-héros est un personnage fictif et stéréotypé mais qui a sa part de réalité.
Alors, les personnages romanesques sont fictifs et extraordinaires, ils proviennent de l’esprit de l’écrivain ayant pour but de divertir mais aussi instruire lecteur en le transposant dans une réalité fantastique. Cependant, ces personnages ont leur part de réel car ils découlent du rapport avec le monde qu’a le romancier.
Tout d’abord, les romans mettent en scène des personnages inspirés par le réel qui permettent au lecteur de s’identifier.
En effet, le héros découle de l’expérience de l’auteur et donc de sa perception du monde. Au XVII° siècle, les auteurs comme Mme de Lafayette essaient de rapprocher ce genre de la réalité, elle écrit alors La princesse de Clèves est une analyse psychologique du personnage historique mais trop vertueux pour être réel. Dans la même optique de nombreuses écrivaines étudient la condition féminine et le sentiment amoureux comme les sœurs Brontë et Jane Austen. Par la suite, au XIX° siècle les auteurs romantiques cherchent à retranscrire leurs sentiments dans leurs romans et leur soif de justice et liberté. C’est ce qui fait le propre des romans de Victor Hugo notamment dans Les misérables où à travers les vies croisées de différents personnages comme celle de Jean Valjean, il dénonce la misère et l’injustice. De plus, la forme autobiographique apparait et l’auteur passe un pacte avec le lecteur, mis en place par Rousseau. L’auteur devient alors lui-même le héros du roman et de ce fait il est le reflet subjectif de la réalité et de l’Histoire comme dans l’ami retrouvé de Fred Uhlman. Ainsi, l’auteur essaie de retranscrire la réalité mais celle-ci est biaisée par la subjectivité et l’expérience de l’auteur.
Cependant, au XIX° le mouvement réaliste apparait les auteurs cherchent à retranscrire « l’histoire oubliée [...] celle des mœurs ». Ainsi, des auteurs comme Balzac ou Stendhal mettent en scène des héros du quotidien de chaque classe pour représenter le monde. Ils utilisent de nombreux procédés pour intensifier cet effet de réel comme le point de vue omniscient ou de longues descriptions. Les auteurs du roman nous présentent des personnages qui évoluent avec la société comme dans l’éducation sentimentale comme Eugène Rastignac qui part à la conquête de Paris en se heurtant à de nombreuses difficultés. Stendhal décrit alors le roman comme «un miroir qui se promène sur une grande route ». A la suite du réalisme s’inscrit le naturalisme avec comme chef de fil Emile Zola. Il pousse plus loin la volonté réaliste en se positionnant comme « un observateur et un expérimentateur » en s’aspirant des travaux scientifiques de Claude Bernard et de l’étude précise de l’Homme. Zola représentera dans le Cycle des Rougon-Macquart des personnages plus que réels à travers le déterminisme héréditaire, social et historique comme Gervaise qui ne peut échapper à l’appel de l’alcool. Ainsi, ces auteurs voient les romans comme un « laboratoire » où ils font évolués des personnages comme Dieux le ferait avec les hommes.
Enfin, la complexité de ses personnages qui tendent vers le réel permet aux lecteurs de mieux s’identifier grâce au romancier/auteur et aux plusieurs traducteurs du roman. En effet, on peut comprendre l’ennuie de Mme Bovary ou encore les passions de Thérèse Raquin car elles sont ancrées dans le réel et son construites autour de la complexité des sentiments. D’autres romanciers cherchent encore aujourd’hui à toucher les lecteurs comme Laurent Gaudet qui veut sensibiliser les européens face au destin des migrants à travers le roman Eldorado où évolue de façon parallèle un garde côte italien et un jeune migrant somalien. Ces auteurs jouent avec les points de vue et nous emmènent avec eux dans leur voyage. Cependant, certains personnages peuvent se transformer en héros de par leur courage. L’auteur joue alors avec le réel et l’extraordinaire pour dépeindre des personnages aux destins divers aux quelles le lecteur peut s’identifier.

En conclusion, la diversité du genre romanesque permet aux personnages de prendre une multitude caractères et de formes différentes. Du fantastique au réaliste, il découle toujours de l’esprit de l’auteur et ne peut refléter l’exacte réalité. Ainsi, les auteurs s’attachent à mettre en scène des personnages héroïques représentant des « surhommes », mais aussi des hommes ordinaires dont la banalité peut les rendre également extraordinaire.
De plus, le personnage devient le choix de l’écrivain et ensuite des traducteurs du roman. L’auteur devient alors « comme Dieu, présent partout, et visible nulle part » selon Flaubert.


mercredi 5 avril 2017

Le lyrisme et le traducteur (partie 2)

Nous découvrons alors une autre poésie dont les buts sont variés.

Tout d’abord, la poésie semblerait n’avoir d’autre dessin qu’elle. En effet, « L’art pour l’art » est selon Gautier le plus important. Ainsi, les parnassiens au XIX siècle glorifient le travail du poète traducteur et non pas l’évocation sentimentale. Il s’agit d’une poésie travaillée où la maitrise de la langue est mise à l’honneur. Les poètes et les traducteurs  utilisent également des formes fixes comme le sonnet pour leur beauté et perfection. On retrouve souvent des métaphores filées comme celle de la sculpture. Le Sonnet en X de Mallarmé symbolise cette volonté d’une poésie travaillée. En effet, les rimes sont en « yx » et reprennent le thème de la sculpture, « onyx ». Nous retrouvons l’expression sentimentale avec le terme « angoisse ». Cependant ce n’est pas le dessein de cette poésie, il s’agit d’un tremplin pour arriver à l’art parfait. Ainsi, cette poésie devient universelle, sans but à part elle-même. Des sentiments peuvent être évoqués mais il ne s’agit que d’un motif littéraire pour atteindre une perfection du langage originel et traduit.

De plus, la poésie peut être également épique. C’est-à-dire, une poésie où des personnages évoluent dans un univers imaginé par l’auteur et le traducteur. En effet, Homère est l’un des premiers poètes à évoquer dans l’Iliade et l’Odyssée les aventures et les guerres de personnages mythologiques comme Ulysse ou Achille. Ces héros vivent des aventures à travers des vers construits et réguliers. Ces poèmes épiques sont alors la base de la culture hellénique, mais aussi de notre culture occidentale. Cette poésie a un impact fort sur la littérature et aussi sur l’art en générale. En effet, elle a été adaptée au cinéma maintes fois comme en 2004 avec le film Troie. On retrouve d’autres auteurs et traducteurs littéraires qui exploitent le caractère épique de la poésie comme Virgile mais aussi Voltaire. Il publie la Henriade en 1723, ce poème épique comprend 10 chants et des alexandrins qui sont un hommage vibrant à Henry IV et à la tolérance. Ce philosophe des lumières prend la place de ce célèbre Roi de France pour démontrer la nécessité de la liberté de culte. La poésie épique est alors selon Domairon : « L’Épopée est le récit poétique d'une action héroïque et merveilleuse. Le récit est ce qui la distingue de la tragédie et ce qu'elle a de commun avec l'histoire ; le récit poétique, c'est-à-dire orné de fictions, est ce qui la distingue de celle-ci ; l'action héroïque est ce qui la distingue des petits poèmes et du roman, dont le fond est toujours une historiette ou une intrigue amoureuse. L'action merveilleuse est ce qui la caractérise essentiellement ». Ainsi, la poésie est un genre hétéroclite passant du sonnet lyrique au long poème épique pouvant concurrencer avec de nombreux romans ou des pièces tragiques.

Enfin, la poésie reflète aussi l’engagement de l’auteur. En effet, ce dernier peut défendre à travers ses œuvres poétiques ses idéaux et dénoncer l’injustice. Le poème peut servir d’arme simple et efficace contre la perfidie de l’Homme. Les Fables de La Fontaine sont des poèmes où le fabuliste distille une morale comme dans La cour du Loin où il conseille à l’homme de se montrer prudent à l’égard des puissants. De plus, Victor Hugo dans son poème Souvenir de la nuit du 4 dénonce le coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte. « L'enfant avait reçu deux balles dans la tête. », son premier vers résume l’injustice et l’horreur de cette action politique qui induit des actes injustifiés. D’autres poèmes d’Hugo comme Melancholia, reflètent son engagement politique et sa lutte contre la misère. Plus tard durant la Seconde Guerre Mondiale, Eluard révèle son engagement résistant dans son poème Liberté qui dans un premier temps était lyrique et célébrait son amour pour la femme. Par la suite ce poème devient un éloge à cette liberté perdue que le poète veut retrouver en résistant.  En effet, à la fin de ce long poème construit sur des parallélismes et des anaphores, Paul Eluard finit par retrouver cette liberté :

« Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté. »

Ainsi, la poésie permet de souligner l’engagement du poète en dépassant l’aspect sentimental et combattant pour ses idéaux.

En conclusion, la poésie est traditionnellement connue pour l’évocation des sentiments du poète et de son traducteur. Cette poésie permet une remise en question du poète mais aussi du lecteur. Cependant, la poésie ne se borne pas au lyrisme. Il s’agit d’un genre littéraire riche, qui permet même de raconter des épopées. Mais finalement, la poésie ne semble pas avoir un but défini, ce dernier change selon l’appréciation du poète. A vrai dire, il s’agit aujourd’hui d’un genre libre qui permet l’expression de la pensée.

Cependant, la poésie n’est pas le seul moyen d’exprimer ses pensées et ses idéaux, il existe dans l’Art de nombreux moyens comme le cinéma, la peinture ou la chanson.


mardi 4 avril 2017

Le lyrisme et le traducteur



“Peuples ! Ecoutez le poète !  Ecoutez le rêveur sacré ! ». Ainsi, Victor Hugo déclame l’importance du poète et de la poésie. Cependant, le poète est toujours décrit comme ce « rêveur sacré », il s’agit du mythe du poète traducteur inspiré, éclairé par un esprit divin, remontant au temps de Platon. La poésie serait alors une manifestation divine que le poète vit à travers ses sentiments. Ainsi, née la dimension lyrique de la poésie. Cependant, le mot poésie dérive lui-même du verbe grec « poien » qui signifie « créer ». Aussi, le poète est celui qui crée à partir de mots. Son travail est vu comme l’aboutissement de la perfection du langage. Il est alors légitime de se demander à quoi est destiné ce genre littéraire. Nombreux sont ce qui le décrive comme l’aboutissement de l’expression sentimentale du poète. Il s’agirait alors d’un genre purement lyrique dont le but est l’évocation des sentiments. Dès lors, nous pouvons nous demander si la poésie n’est que l’épanchement lyrique du poète.
Dans un premier temps, nous évoquerons l’aspect lyrique de la poésie qui permet à l’auteur l’expression de ses sentiments. Dans un second temps, nous mettrons en avant d’autres aspects de l’écriture poétique qui font la richesse de genre littéraire.

D’une part, le genre poétique est destiné à l’expression sentimentale du poète.
Tout d’abord, la poésie est née en Grèce antique et dérive du mythe d’Orphée qui met en valeur l’aspect lyrique de ce genre. Orphée est déclamé par Ovide et ensuite, par Virgile comme ayant un don réel pour la musique et la composition. Ainsi, Apollon, dieu de la lumière, lui offre une lyre à sept cordes, d’où dérive le mot lyrisme. Ce héro mythique est reconnue pour avoir surmonté toutes les difficultés grâce à sa prose. En effet, par amour pour Eurydice, il est allé jusqu’en enfer. Le poète traducteur est alors symbolisé par le personnage d’Orphée. Il s’agit d’un héros qui par sa poésie sentimentale émeut même les dieux des enfers. Ce mythe, symbole du lyrisme poétique, est repris maintes fois dans la littérature. En effet, Apollinaire en 1910 décrit la poésie d’Orphée comme « la voix que la lumière fit entendre ». Et plus tard, Sartre compare Senghor, poète africain, à un « Orphée noir » car il doit puiser dans son être la force pour écrire ses poésies aux émotions profondes qui résultent d’une lutte pour la négritude. Ainsi, Le mythe d’Orphée et Eurydice rappelle la nature lyrique de la poésie qui a pour dessein charmer et émouvoir.
De plus, la poésie lyrique résulte d’une tradition littéraire traduite en plusieurs langues. En effet, le sonnet illustre cet idéal poétique où le texte doit charmer et émouvoir le lecteur ou la lectrice. Nous nous referons à la poésie « courtoise » où l’amour est une vertu noble que chaque chevalier doit posséder. Comme le souligne Marie de France dans le Lai de chèvrefeuille : « ni vous sans moi, ni moi sans vous », ce vers suggère alors l’importance de la poésie amoureuse. Plus tard, le sonnet né en Italie, de la prose de Pétrarque nous retrouvons cet idéal féminin, Laure, qui est une source de sentiments poétiques. Louise Labé, Du Bellay, ou encore Ronsard utilisent ce même thème de l’amour qui leur inspire des sentiments dualistes, que l’on reconnait dans ce vers de Labé « je vis, je meurs ». Ces poètes humanistes mettent en place les fondements de la poésie et de la langue française. Ils deviennent alors un modèle pour différents courants poétiques comme La poésie précieuse qui reprend le thème de La belle Matineuse. Et plus tard, Baudelaire, le poète moderne par excellence, usera la forme poétique du sonnet pour exprimer l’ambigüité amoureuse, comme dans son poème A une Passante. Ainsi, nous comprenons en quoi la forme poétique est indissociable de l’expression des sentiments.
 Cependant, la traduction de la poésie lyrique n’est pas bornée à l’épanchement de sentiments amoureux et la forme du sonnet. En effet, la poésie permet une liberté que ne permettent pas les autres genres littéraires. Il n’y pas de longueur définie, ni de structure imposée, les interprétations elles-mêmes peuvent être multiples. La poésie permet alors à l’auteur d’ouvrir son esprit, comme le fait Baudelaire dans Les Fleurs du Mal.  En effet, il dit lui-même ce qu’il ressent dans ce recueil autobiographique de plus de 120 poèmes, « Le diable […] je le sens en moi ! », ainsi, il exorcise ses propres douleurs à travers une poésie nouvelle mais sentimentale.  Le poète fait part de ses angoisses et ses difficultés, « Que les jours de malheur ? », Lamartine, dans Le Lac, se demande la place du bonheur dans la vie d’un homme. De plus, la femme est pour le poète un tremplin pour l’expression sentimentale. Cette poésie lyrique va plus loin que l’amour car la femme y est idéalisée, elle représente l’état d’esprit du poète plus que la femme en elle-même. Dans le poème Elle était déchaussée de Victor Hugo la jeune fille symbolise une volonté d’évasion du poète, une fuite de son époque où tout est si faux et complexe. Baudelaire incarne ce Spleen, cette fuite du temps, il utilise un lyrisme « noir » pour dénoncer ce mal être intérieur, ce « venin ». Finalement, cet épanchement sentimental permet aussi au lecteur de ce reconnaître dans cette poésie qui transcende le langage pour toucher l’essence de l’esprit humain.

Nous pouvons ainsi dire que le poète use de la poésie pour exprimer ses sentiments. Cependant, ce genre littéraire ne se borne pas seulement au lyrisme, il est, aujourd’hui, composé de milliers de poésies traduites aux thèmes variés.

(première partie)

mercredi 29 mars 2017

Entre amour et poésie comment se place le traducteur?

Ce corpus, présenté à un traducteur littéraire, est composé de quatre poèmes d’époques et d’auteurs différents. En effet, « A Fanny » est une poésie composée de cinq sizains et publiée à titre posthume d’André Chénier, poète précurseur du romantisme, en 1819.  Ensuite, le deuxième texte est un sonnet s’intitulant « Causerie », écrit par Charles Baudelaire, célèbre poète se trouvant entre le romantisme et le symbolisme. Ce sonnet est issu du recueil Les Fleurs du Mal qui suscita de nombreuses controverses en 1857. Puis, le poème en prose de Louis Aragon, auteur engagé, « Le rendez-vous perpétuel » nous est proposé. Il est extrait du recueil Amours publié en 1947 et appartenant au courant surréaliste. Enfin, le dernier poème est un sonnet régulier de Louise Labé, poétesse humaniste. Il s’intitule « Sonnet II » et est issu des Œuvres publié en 1555.

Le traducteur va établir un rapport entre ces différentes écritures poétiques qui traitent de l’Amour et des sentiments contradictoires qu’il fait naître. Dans un premier temps, nous évoquerons les procédés qui suscitent la joie, et ensuite, ceux qui suscitent la souffrance du poète. La traduction devra alors retranscrire cette dualité.

Tout d’abord, les poèmes, à traduire, présentés dans ce corpus sont lyriques, et sont l’aboutissement des sentiments amoureux des poètes. La comparaison permet à l’auteur de faire ressentir ces sentiments au lecteur. En effet, Baudelaire compare les yeux d’une femme à « des fêtes » v.13 et « du feu », ce qui rend le regard de la femme heureux et festif. De plus, on note de nombreuses métaphores filées, comme dans le poème d’Aragon. L’amour est comparé à un souffle omniprésent pour le poète, « foulée », « vent », « s’envole ». Elsa est également comparée à la mer à travers les termes « emporte », « navires » et « plongeurs », elle semble être bienfaisante et symbolise un élément vital pour l’auteur. Chénier utilise également la métaphore, en effet, la femme est assimilée au paysage. Le vers 18 le souligne « ton aspect […] en ces lieux » ou encore la description de cette femme qui a lieu uniquement de ce paysage « sur ce gazon assise »v. 22. La être féminin est également idéalisée et comparée à un objet divin à travers les termes « divins le ciel » v.4 et « sage » v.11, elle est le symbole de la douceur, « miel »v.11. Ensuite, les poètes usent de l’anaphore pour souligner la joie et l’exaltation apportées par cet amour. En effet, Louise Labé utilise l’anaphore vocative « Ô » pour énumérer les qualités de son amant dans le premier quatrain. Chez Aragon, on comprend que l’amour est universel à travers le parallélisme de construction au vers 17 et 18. Il utilise également l’anaphore « c’est toi » qui connote de l’importance de cette femme aimée dans sa vie et l’omniprésence de cette amour. La syntaxe souligne également la force des sentiments et l’exaltation, comme les nombreuses exclamations des poèmes de Baudelaire, Labé et Chénier. D’autre part, chez Aragon, cet enthousiasme est transcrit par de longues phrases et accumulations de noms juxtaposés. Enfin, le mélange des sens appelé synesthésie, montre l’harmonie parfaite crée par l’amour. Elle est très présente chez Baudelaire, à travers les termes « clair et rose »v.1 qui évoquent la vue, les mots « gorge nue », « lèvre » se rapportent au touché et le « parfum » à l’odorat. On peut dire que les poètes usent de nombreux procédés pour illustrer la joie procurée par leur amour, le traducteur transpose ces procédés dans une autre langue. Mais cet amour porte la marque d’une dualité entre douleur et gaieté, qu'il faut retranscrire dans la traduction.

Dans un second temps, les poèmes reflètent la souffrance du poète, que le traducteur doit souligner, par rapport à cet amour souvent éphémère et idéalisé. En effet, les antithèses, comme « heureux mortel » du poème A Fanny ou « palais flétri » de Causerie, révèlent la dualité qui est présente chez dans cet amour. On découvre un aspect négatif de l’amour qui consume l’auteur amoureux. La personne du poète est désignée à travers le pronom « je » auquel sont associés des champs lexicaux péjoratifs comme celui de l’errance chez Chénier, ou encore celui du désespoir chez Labé. Baudelaire procède à une métamorphose de la femme tout d’abord idéalisée et puis, animalisée en une bête assoiffée d’amour, « griffe et dent féroce de la femme ». Cependant, le poète n’est plus capable d’aimer. Ce sentiment est renforcé par la syntaxe des vers, notamment l’enjambement au vers 6 qui souligne le terme saccagé. On retrouve une syntaxe particulière chez Chénier. En effet, il y a très peu de ponctuation ce qui peut marquer le désespoir du poète mais aussi une course pour rattraper l’être aimé. L’auteur est à la poursuite de cet amour, il semble suivre la femme sans pouvoir la rattraper, cet aspect est renforcé par les allitérations en « s » qui connote une fuite de l’amour, trop court. On retrouve des allitérations péjoratives chez Baudelaire, et également à la rime comme le son « ame », « er » ou « ose » qui semblent refléter un mal-être du poète, amant. De plus, l’énumération au vers 10 renforce cet image tu poète qui se tue dans cet amour. On retrouve également l’anaphore vocative « ô » chez Labé associée aux termes péjoratifs ce qui crée un parallèle entre le désespoir et la passion amoureuse.  Enfin, cette dualité entre joie et souffrance provoquée par l’amour peut être résumée par l’opposition entre différents champs lexicaux de la beauté et nature et ceux de l’errance et du désespoir. Le traducteur devient lui-même poète mais ne doit changer en aucun cas changer la nature du texte.

 En conclusion, à travers la poésie lyrique les poètes évoquent leurs sentiments. Ici, il s’agit de la dualité entre joie et souffrance suscitée par leurs amours passionnels. Cet aspect est retranscrit par des procédés stylistiques qui apportent chacun une nouvelle dimension au poème qui sera traduit pour être diffusé dans le monde entier.

mardi 21 mars 2017

Entre traduction et littérature



La littérature comprend un monde vaste et diversifié d’œuvres dont les genres et les styles sont tous autant particuliers et intéressants les uns que les autres. De la poésie, au roman en passant par le théâtre, les ouvrages littéraires ont peu en commun à part peut-être le fait qu’ils sont tous composés de mots. Et à vrai dire, la prose elle-même varie avec les auteurs, la langue et la culture. 

En effet, chaque phrase et mot de l’écrivain se réfère à une habitude de penser, une familiarité avec certains sujets qui ne sont pas évidentes pour un lecteur étranger.  La compréhension des œuvres littéraires et donc leur traduction font alors appel à des connaissances toutes particulières. 

C’est là qu’entre en jeu le concept de TRANSCREATION. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre rigueur et création pour ancrer l’ouvrage dans une nouvelle langue et culture. Le traducteur et l’agence de traduction littéraire vont alors personnaliser leur service et en faisant preuve de créativité diffuser l’œuvre littéraire dans le monde entier.

dimanche 12 mars 2017

L'anthologie des yeux du traducteur poète

Cette anthologie, traduite en italien par le traducteur littéraire Elisabetta Bertinotti, regroupe une dizaine de poésies sur le thème fascinant des yeux. Cette thématique peut sembler surprenante et peu intéressante, mais au fil de la lecture et de la réflexion on se rend compte que les yeux sont le lien entre le monde extérieur et nous-même. En effet, « les yeux sont le miroir de l’âme », ils symbolisent dans bien des croyances le savoir, l’espoir ou encore le divin. On pense bien sûr au Troisième Œil des enseignements asiatiques comme le Bouddhisme et le Taoïsme. Il représente la « vue de l’esprit » qui permet de lever le voile de l’illusion et de voir la vraie nature de l’esprit. Cependant, l’œil divin existe aussi dans le Christianisme. Le Saint Esprit est souvent représenté comme un œil dans un triangle, symbolisant l’ubiquité de Dieux. Ainsi, l’œil s’apparente à un monde supérieur à celui humain. Ce thème du divin est repris par Coppée dans son poème Les yeux de la femme. En effet, à travers ces vers libres inspirés de la Genèse, le poète propose une image de la femme comme fruit de la création divine, dont la plus grande perfection est dans le regard.

A vrai dire, l’œil n’est qu’un organe complexe, destiné à la réception des influx visuels. C’est alors lui qui nous permet de voir le monde tel que nous le percevons. Il s’agit du sens le plus développé chez l’Homme, monopolisant et contrôlant les autres sens. En effet, certains poètes décrivent à travers les yeux de la femme leur corps tout entier comme le poème de Charles Cros, À Mlle S. de L. C, où les yeux monopolisent la description, comparés à des « saphirs » qui rayonnent sur tout le corps féminin. Ainsi, les yeux nous semblent d’une importance capitale, il nous serait impensable de pouvoir appréhender le monde sans nos yeux. Les poètes ont alors repris ce thème à leur compte depuis bien des siècles. A travers des sonnets mais aussi des vers libres, ils soulignent la beauté de l’œil, notamment celui féminin mais aussi son aspect énigmatique. « L'homme a des yeux pour voir, la femme en a pour être vus. », ici, Adolphe d'Houdetot démontre le double aspect de l’œil. Il s’agit d’un thème inspirant qui intrigue car même si on reconnait l’importance cruciale des yeux dans l’expression des sentiments, on ne peut pas voir nos propres yeux. Ainsi, ils nous trahissent, comme le souligne Louise Labbé, dans son poème presque autobiographique, Tant que mes yeux pourront larmes épandre. Ce poème a un intérêt tout particulier car il nous permet d’avoir un point de vue féminin (même si l’existence de la poète est contestée), sur la question de l’œil et de la relation amoureuse.

L’œil ne se résume pas à la perception du monde, il aussi s’agit d’un regard, un tout qui nous caractérise. Tout comme on peut reconnaître une personne au son de sa voix, on peut la reconnaître à son regard. Ainsi, dans leurs vers les poètes décrivent le regard comme un trait de caractère palpable. En effet, Baudelaire dans son poème Les yeux de Berthe personnifie les yeux en s’adressant à ces derniers comme à la femme. Ces yeux évoquent également une magie, un aspect enfantin, « mon enfant » répété plusieurs fois. Alors, les yeux et le regard serait la meilleure façon de caractériser l’être aimé. Théophile de Gautier, à travers son sonnet A deux beau yeux, compare les yeux à des pierres précieuses comme Charles Cros. Il s’agit d’un thème cher aux romantiques, les yeux sont des cristaux révélateurs de l’âme. Ils sont également le symbole d’un amour parfait. En effet, à travers six quatrains, Aragon résument les yeux de l’être aimé comme la perfection mais également le but de sa vie. Dans Les Yeux d’Esla, ils symbolisent le « paradis » d’Aragon, sa passion amoureuse.

Cependant, l’œil ne représentent pas uniquement la femme, l’amour ou encore la perfection. Il incarne également la vie et l’espoir. En effet, T.S Eliot dans son poème The Hollow Men (Les hommes creux, traduit par Pierre Leyris) dépeint un paysage dévasté où les hommes semblent perdus et déshumanisés. Les yeux ici représentent l’espoir et leur absence condamne les hommes à la mort. Ainsi, ces derniers deviennent aveugles, non pas par la vue, mais à force de voir les atrocités commises par la Première Guerre Mondiale. Le regard ici, représenté est celui de l’humanité, il s’agit d’un tout. Ainsi, les yeux évoquent un autre monde utopique où l’on pourrait vivre en harmonie. C’est également ce que suggère Eluard dans son poème Les yeux fertiles. Il commence par décrire la femme aimée par ses yeux qui au fil du poème nous permettent de voyager. Ces yeux énigmatiques sont ambigus car ils empêchent de poète de dormir mais l’obligent à rêver. Ainsi, le regard de cette femme inspire la liberté de l’esprit, cette liberté féminine dépeinte également par Eugène de La Croix de siècles plutôt.

Ainsi, le choix des poèmes de ce recueil ne laissent rien au hasard. Nous avons voulu retracer à travers les siècles l’évolution poétique de l’œil et du regard. A travers les siècles, on retrouve que l’œil garde son aspect lyrique et spirituel, mais il évolue également pour représenter un Tout et un Idéal par opposition au mal et la cruauté de l’homme. L’œil perd alors son aspect humain même s’il est porté par les femmes, ces dernières deviennent elles aussi une figure de la perfection.

Les illustrations accompagnants les poèmes, cherchent à faire un rapprochement et un lien entre les époques où l’on retrouve des problématiques communes comme la perte de l’être aimé, ici soulignée par la miniature de Charlotte Salomon et le poème de Louise Labbé, ou encore l’aspect envoutant des yeux évoqué par Aragon et dépeint des siècles plutôt par Léonard de Vinci. En effet, l’Art est un tout, les différents moyens d’expression artistique que sont l’écriture (la traduction) ou la peinture et même la musique se complètent. C’est pour cela que nous avons choisi une chanson de Corneille qui rappelle l’aspect indissociable de la poésie et la musique.

Enfin, cette anthologie représente un travail de recherche méticuleux et une volonté « d’ouvrir les yeux » du lecteur pour l’inciter à la découvrir la poésie et à la pousser encore plus loin la réflexion sur la question de l’Homme. Cette volonté qu’on tous les poètes depuis des siècles et dans le monde entier, de permettre aux hommes et aux femmes de s’instruire.

lundi 6 mars 2017

La traduction littéraire et 5 poèmes des Fleurs du Mal, Baudelaire, 1858

La traduction littéraire moderne requiert une connaissance pointue de la littérature. C’est pourquoi, je vous présente quelques poèmes des Fleurs du Mal, chef d’œuvre de la littérature française, comprenant 100 poèmes presque autobiographiques de Charles Baudelaire.

Le premier poème s’intitule Spleen LXII et fait partie de la première section du recueil : « Spleen et Idéal ». Il clôt la série des quatre Spleen et reprend le thème cher à Baudelaire du « Spleen », mot empreinté à l’anglais signifiant à cette époque, l’angoisse liée à la modernité. Ce qui fait le charme particulier de ce poème est l’évocation de ce monde affreux mais envoutant décrit par le poète. Cependant, ce poème reste objectif et universel. Comme le veut Baudelaire, le Spleen est empreint d’une « impersonnalité volontaire ». Cette poésie semble être une peinture du monde angoissé qui habite le cerveau de l’auteur. Les nombreuses comparaisons entre des concepts que l’Homme ne peut toucher tels que le « ciel » ou l’ « Espérance », et des objets du quotidiens comme un « couvercle » rendent le Spleen réel et palpable. De nombreux termes péjoratifs tels que « pourris » ou encore l’oxymore « jour noir », nous permettent de comprendre ces passages entre le monde extérieur et intérieur du poète. Ce dernier se transforme en une « vaste prison » qui ronge le poète. Enfin, le charme particulier du poème est dû à une peinture réaliste et précise de ce monde à l’intérieur de notre esprit où vivent nos espoirs et angoisses sans nom, ni réalité. Le poète réussit à poser des mots sur l’indicible.

Le deuxième poème s’intitule La mort des artistes, il clôt le recueil et le voyage poétique de Baudelaire. Ce qui fait le charme de ce sonnet est le mélange de la mort et de l’artiste. Baudelaire nous fait découvrir la réalité de l’artiste. Cet artiste semble être comparait au fou du Roi par les termes « grelots », « caricature ». Le poète en fait un portrait péjoratif à travers les noms « sanglots »et « damnés ». Le sonnet, emblème de la poésie classique, permet de souligner la grandeur du poète, mais finalement Baudelaire en conclut que plus il écrit plus il se perd. Ainsi, l’artiste devient un être fou en recherche de l’impossible, leur « Idole », la perfection. Pour clore son recueil, ce poème est alors une ultime péripétie poétique qui nous plonge vers l’inconnu et le nouveau à travers le thème d’une mort psychologique et un renouveau.

Le troisième poème s’intitule L’Horloge, ajout de l’édition de 1861. Ce dernier est composé de six quatrains, inspiré du poète Gautier. Ce qui fait le charme de ce poème est la personnification de l’Horloge et même du temps qui débute avec une interjection « Horloge ! ». De plus, le thème de ce poème est universel de par les termes en différentes langues. L’horloge devient une allégorie du temps qui passe et donc de l’angoisse de l’Homme à son égard. Ce poème est riche en exclamation ce qui interpelle le lecteur. Ainsi, Baudelaire reprend la thématique de la fuite du temps de façon réelle et intense.

Le quatrième poème est un sonnet intitulé La beauté faisant partie de la section « Le spleen et l’idéal » des Fleurs du Mal. Ce poème a pour thème la Muse et la Beauté. En effet, Baudelaire utilise la métaphore de la sculpture et de la matière tout comme dans le parnasse. La femme devient le guide de l’artiste. Le poète souligne l’importance de la muse mais également la difficulté de l’artiste à la comprendre et à retranscrire sa beauté fascinante. Dans, ce poème, la femme n’est citée que par des synecdoques comme « yeux ». Elle a un aspect universel et reposant, immobile comme la beauté des grands monuments. Ainsi, Baudelaire souligne l’importance de la muse et finalement attribue une place à la Femme dans la création artistique.

Le dernier poème, composé de seize distiques, s’intitule Abel et Caïen et fait partie de la section « Révolte » du recueil. Il fait référence à l’épisode biblique où Caïen tue Abel par jalousie et fut punit. Dans ce poème, on observe pour les douze premiers distiques deux anaphores, sa forme particulaire crée son charme. Ensuite, Baudelaire utilise de nombreux termes péjoratifs comme « meurs », « supplice » concernant Caïen. Ce qui suscite la pitié du lecteur, alors que Abel est décrit comme profitant de la vie au dépende de son frère, « chauffe ton ventre » contre « tremble de froid » pour Caïen. Cette opposition crée alors une inversion des valeurs confirmée au dernier distique. Après la justification de l’acte de Caïen, Baudelaire le place au Cieux à la place de Dieu. Ainsi, l’inversion des valeurs bibliques permet un questionnement de nos valeurs et souligne une volonté de révolte chez le poète.

La courte analyse de ces quelques problèmes permet de mieux comprendre l’état d’esprit et les angoisses du célèbre poète. Ainsi, il est dur de retranscrire la puissance des vers de Baudelaire dans une traduction 'transcréé', on peut y perdre la dimension mystérieuse et complexe si caractéristique du poète. C’est pourquoi le traducteur littéraire doit constamment enrichir sa culture pour réussir à retranscrire les vers poétiques.